Traces d’étoiles : duo improbable, tension palpable, complicité indéniable

Plus de 20 ans après avoir été présenté au Théâtre de Quat’Sous pour la première fois, la pièce Traces d’étoiles, écrite par l’Américaine Cindy Lou Johnson et traduite par Maryse Warda, revient pour clore la saison du Rideau Vert avec une nouvelle série de représentations. Pour la seconde fois, Pierre Bernard assure la mise en scène de cette pièce qui met en scène Rosannah DeLuce (Mylène Mackay) et Henry Harry (Maxim Gaudette) un duo improbable forcé par le destin à faire connaissance alors qu’une tempête hivernale fait rage. Dans ce huis clos imposé par la nature, les esprits s’échauffent rapidement et la tension monte à un point tel que de lourds secrets seront révélés pour donner à voir un spectacle alliant belle sensibilité et vive intensité.

Le rêveur dans son bain : du théâtre à faire rêver

Nouvelle production du Théâtre Tout à Trac en collaboration avec le Théâtre du Nouveau Monde, Le rêveur dans son bain, une pièce mise en scène par son auteur Hugo Bélanger, transporte son public dans le pays de l’imaginaire grâce à un texte aussi poétique que magique. Enchaînant des tableaux tous aussi ludiques les uns que les autres, la distribution de huit comédiens chevronnés incite chaque spectateur à découvrir ou redécouvrir les plaisirs de l’enfance grâce à une histoire des plus improbables. L’espace d’un instant, petits et grands enfants sont judicieusement invités à rêver les yeux ouverts en compagnie du rêveur, dans son bain depuis vingt ans, à la recherche d’une idée pour finir son récit.

Quinze façons de te retrouver : par le prisme des émotions

Pour clore avec prestance son mandat au Théâtre du Trident à titre de directrice artistique, Anne Marie Oliver a choisi de programmer, comme dernière production de la saison 2022-2023, son quatrième spectacle solo, Quinze façons de te retrouver, en collaboration avec la compagnie Bienvenue aux dames. Après Gros et détail, Annette et Maurice qui l’avaient menée à investiguer le cœur de personnes aux prises avec des déficiences physiques, psychologiques et sociales, l’autrice et comédienne sonde dans cette œuvre ses propres agitations, blessures et angoisses. Elle aborde le sujet de la perte crûment, sans ambages, avec courage, générosité et une fabuleuse dose d’humour qui en font une conteuse incomparable.

Mémoires d’un volcan : un diamant finement ciselé

L’Ubus Théâtre, cette compagnie théâtrale de Québec qui a fait le choix de présenter ses spectacles de petites formes à bord de son mythique autobus jaune ingénieusement aménagé, est stationné au Théâtre Périscope pour offrir au public de la Capitale, cette année encore, un diamant finement ciselé.

Satie, agacerie en tête de bois : un mets raffiné

Électrisée par la musique emblématique d’Érik Satie, la compagnie Les Nuages en pantalon revisite son œuvre phare, Satie, agacerie en tête de bois, pour la présenter au Théâtre Périscope près de cent ans après le décès de ce grand compositeur français. Ce spectacle, qui a officiellement vu le jour en 2004 à Premier Acte, avait quelque temps auparavant fait l’objet, dans le cadre de la défunte série « Cartes blanches » du Périscope, d’un laboratoire dûment structuré et chaudement applaudi.

Les filles du Saint-Laurent : Puissantes voix du large

Avec Les filles du Saint-Laurent, la prolifique autrice Rébecca Déraspe livre (en collaboration avec Annick Lefebvre) un récit polyphonique puissant qui nous fait naviguer dans les eaux profondes de l’âme humaine et dans la fragilité que nous portons.

Bonnes Bonnes : recette relevée

En voulant adapter Les Bonnes de Jean Genet pour parler de la lutte de classes en Chine, Sophie Gee, Canadienne d’origine chinoise, s’est rendue compte qu’elle faisait fausse route et qu’il y avait plus à tirer encore de cette histoire de bonnes qui, à travers un jeu de rôle, fantasment d’assassiner une maîtresse qu’elles semblent idolâtrer. De ce projet de monter Les Bonnes est née Bonnes Bonnes, une adaptation libre aussi pimentée que la sauce chili apprêtée en direct sur scène.

Les Fabuleuses : authentiquement queer

Premier Acte présente, jusqu’à la fin du mois d’avril, une création originale du collectif À Gorge Déployée, Les Fabuleuses, un texte de Pierre-Olivier Roussel inspiré de son expérience personnelle et celle des comédien·nes. Cette pièce de théâtre se déroule dans un atelier de confection de costumes, où six ami·es se réunissent avant d’aller prendre part à la marche des fiertés. La célébration amène les jeunes adultes à discuter des oppressions et discriminations vécues par les personnes LGBTQ+, à réfléchir aux droits acquis grâce aux luttes militantes, à ceux actuellement mis en péril et aux inégalités persistantes. Au fil des diverses conversations, alors qu’iels se maquillent et essaient des costumes pour la Pride, tout en prenant du vin et des shooters, les protagonistes se confrontent à la divergence inattendue de leurs opinions. Leurs désaccords font surface, le ton hausse et les festivités prennent un goût de plus en plus doux-amer.

Rome : fresque colossale et profondément humaine

Le travail pour mener à bien cette adaptation des tragédies romaines de Shakespeare a été colossal, la metteuse en scène Brigitte Haentjens le reconnaît d’emblée, mais il a surtout été à l’origine d’un élan puissant qui a porté toute l’équipe de création pendant des mois, des premières lectures jusqu’à l’entrée en salle et au soir de la première, en pleine tempête de verglas. Cinq tragédies, de nombreux personnages, lieux et époques variés, noms, dates, batailles historiques, le mirage de la démocratie, tout ça à contenir sur une seule scène et en quelques heures.

Insoutenables longues étreintes : rêve fiévreux

Pour sa première mise en scène au Théâtre Prospero, le nouveau directeur artistique Philippe Cyr s’est tourné vers l’écriture singulière du Russe Ivan Viripaev, auteur dissident et exilé dont les pièces sont désormais interdites dans sa mère-patrie, mais un auteur régulièrement présenté au théâtre de la rue Ontario (Les enivrés, Illusions).