Festival Casteliers : OUF! C’est commencé!

par Daphné Bathalon

Ces jours-ci, si vous vous promenez du côté d’Outremont, des rues Bernard et Van Horne et de leurs vitrines, soyez attentifs, car le parcours-exposition du Festival Casteliers met en lumière le travail de la sculpteure Claude Rodrigue. Ses marionnettes et ses masques fascinants vous accompagnent en douceur tandis que vous vous rendez dans un des lieux de représentation du festival ou de son sympathique off, le OUF!

Crédit Daphné Bathalon

C’est d’ailleurs au OUF!, par un lundi soir au froid bien mordant, que j’ai entamé mon parcours de festivalière cette année. Depuis plusieurs années, le OUF! fait son nid dans le pavillon blanc du parc Saint-Viateur, à quelques pas du Théâtre Outremont. Là, planté sur son île au milieu d’un anneau de glace, le pavillon accueille les amateurs de marionnettes aussi bien que les marionnettistes.

À l’intérieur règne une ambiance bon enfant et chaleureuse : des tables pour accueillir les visiteurs, un bar pour étancher leur soif, quelques grignotines bienvenues et surtout une exposition chaque année renouvelée de marionnettes en tout genre, de croquis, d’esquisses et d’affiches. Les visiteurs plus téméraires grimperont dans la tour du pavillon pour découvrir deux courts films : Des visages, des figures et Miikshi the Meek Sheep in the Cosmic Potato. Les autres s’aventureront peut-être à l’extérieur pour mettre en marche les Machines du futuuurrr! de différents artistes. Installez-vous, profitez du moment et relaxez, car tout se fait ici à la bonne franquette; il n’est pas impossible que les spectacles ne commencent pas tout à fait à l’heure ni dans l’ordre annoncé…

La soirée du 4 mars se présentait sous le thème « Demain ce sera ouf! ». Quatre courtes formes étaient annoncées : La rébellion du minuscule : physique quantique et théâtre d’objets, du Théâtre du Renard, The Carrot, de The Carrot Company, Benny faire magie!, de Philo14, et Le Boupupoilu, de L’Interrupteur, que j’ai malheureusement manqué pour cause d’heure tardive et de fatigue. Quelques mots sur les trois premières!

Jocelyn Sioui anime la soirée – Crédit Daphné Bathalon

The Carrot

Une étrange tribu masquée grimpe sur les tréteaux et entame des rituels obscurs… Les êtres relèvent leurs masques, découvrent des carottes au sol et s’en emparent. Le rythme surgit, le chant aussi. Where are you from? Where are your roots? Avez-vous déjà remarqué à quel point la forme de la carotte se prête à toutes sortes d’interprétation? La compagnie The Carrot en explore ici quelques facettes alors que ce légume racine se fait tantôt récompense inatteignable ou objet de tentation, tantôt symbole phallique ou cigare. L’approche est hautement ludique, drôle et, oserait-on le dire? craquante. Les interprètes enchaînent les saynètes en s’échangeant les rôles et les carottes pour une courte forme sympathique et sans prétention qui nous fait redécouvrir la carotte sous un autre jour et qui donne très envie d’en croquer une également!

Benny faire magie!

Deuxième courte forme à prendre la scène ce soir-là, Benny faire magie! est exactement ce qu’il dit être : un spectacle de magie, et quelle magie! Adorable marionnette à la pilosité impressionnante, Benny a plus d’un tour dans son sac quand vient le temps de prouver ses talents de magicien, même s’il vient à peine de commencer dans le métier. Récemment décédé, Benny peut à présent rêver d’être tout ce qu’il veut, après tout! Une infortunée assistante choisie dans l’assistance se prête volontiers aux instructions de Benny, qui s’attèle à plonger la salle dans le noir, à faire apparaître un lapin, à faire disparaître un mouchoir et, bien sûr, à faire applaudir le public, bref, tout ce qu’on attend d’un magicien! L’artiste derrière cette magie absurde, Philo14, manipule l’énergumène avec talent en plus de lui donner un accent et des manières vraiment charmantes. La courte forme recèle beaucoup d’humour et le public rit d’ailleurs de bon cœur. Benny a-t-il de l’avenir dans d’autres métiers? Parce que j’aimerais beaucoup le voir s’y essayer!

La rébellion du minuscule : physique quantique et théâtre d’objets

Deux filles, un pyjama party et une initiation express à la physique quantique, peu importe comment ça se prononce! La rébellion du minuscule, chapitre 2 est la nouvelle étape du projet de vulgarisation scientifique en théâtre d’ombre et d’objets du Théâtre du Renard. Devant un drap tendu et avec l’aide d’accessoires qui ne dépareraient pas dans un sous-sol d’adolescentes, les deux scientifiques en herbe, Léa Philippe et Antonia Leney-Granger, entreprennent de simplifier pour nous quelques découvertes historiques entourant le monde des molécules, des atomes, des particules et des théories compliquées comme la conscience quantique et l’indétermination. Nos jeunes chercheures-marionnettistes, vêtues de leur plus beau pyjama, débordent d’humour, d’énergie et de bonne volonté. Comme des particules, elles s’agitent, de plus en plus vite, chantent, dansent, pour mieux nous bombarder d’information. Si la vitesse à laquelle on nous les sert nous perd un peu, les exemples présentés, concrets et bien amusants, aident à mieux cerner le monde de l’infiniment petit. La courte forme semble encore en pleine période de gestation et un ajustement sera peut-être nécessaire quant à la somme d’éléments présentés pour qu’on retienne encore mieux les explications, mais l’humour et le plaisir que dégage ce nouveau chapitre rend la mécanique quantique particulièrement sexy.

Programmation du OUF
Du 2 au 10 mars 2019

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