Festival ROYALMANIA – Dick the Turd : Vaine lutte de pouvoir

Festival ROYALMANIA – Dick the Turd : Vaine lutte de pouvoir

D’entrée de jeu, l’ambitieux lutteur Dick the Turd ne nous cache rien de ses visées. Il a des dents en moins, et le corps tordu par des blessures réelles ou feintes, mais son esprit est fixé sur une ligne bien droite qui va propulser le lutteur des Rouges au sommet de la Fédération féodale de lutte (FFL).

Affiche – Arch’Pictures

Second spectacle du programme double offert par le festival de lutte-théâtre ROYALMANIA, qui lance la saison des Écuries, Dick the Turd offre plus de scènes de combat que son prédécesseur, faisant encore plus de place aux prises de lutte et aux cascades. La production des Impairs, en collaboration avec le Collectif Moutarde Forte, transpose dans le ring Richard III de Shakespeare en demeurant très proche du format imposé par le championnat de lutte, avec ses commentateurs livrant le pedigree de chaque combattant, son arbitre, ses entraîneurs et ses placements publicitaires envahissants.

Alliances, trahisons, imprécations, victoires révoltantes et défaites cuisantes sont au programme de ce gala England Mania de la FFL, qui fait presque lever le public à certains moments. La production, créée au Zoofest en 2019, ne parvient cependant pas à transcender ces moments pour donner du coffre au drame. Les combats s’enchaînent de manière répétitive jusqu’à ce qu’un champion soit couronné sans que les passages en coulisse ajoutent grand-chose à l’ensemble. Là où la lutte propulsait la tragédie dans Agamemnon In the Ring, l’histoire de Richard III, pourtant riche de plusieurs niveaux de lecture, semble plutôt ici servir la lutte elle-même. La complexité du texte shakespearien s’en trouve pour le moins évacué. Dick, dépeint en grand vilain, ne parvient pas à séduire; sans que ce soit la faute de l’interprète, qui réussit très bien à en faire un archétype de méchant lutteur qu’on a envie de voir mordre la poussière.

Les amateurs de lutte seront toutefois ravis, car les interprètes de Dick the Turd maîtrisent les techniques de combat et offrent plusieurs belles séquences au public, qui en redemande. Dick (Guillaume Bouliane-Blais) et The Buck (Anthony Tingaud), le duc de Buckingham dans cette version, impressionnent particulièrement. On s’agrippe à son siège quand ils se soulèvent dans les airs et on a mal pour eux quand ils s’écrasent sur le ring. De son côté, et bien qu’il ne combatte pas, l’arbitre incarné par Maxime Pouliot offre lui aussi tout un spectacle. Tandis que la lutte de pouvoir fait des victimes dans le ring, il est impossible de ne pas rire de ses facéties et mimiques.

Malgré des scènes d’action prenantes, des corps à corps qui font rugir le public qui, comme à la lutte, réclame la tête du « méchant » (chapeau aux interprètes de répondre au quart de tour aux réactions de la foule), Dick the Turd déçoit en restant trop fidèle au format. Pourtant, plusieurs parallèles entre lutte et théâtre sont joliment tracés et on prend plaisir à découvrir de quelle manière des éléments de l’intrigue originale se transforment au combat. Car quel plaisir en effet que de voir un humain à l’âme noire comme Richard III devenir un lutteur prêt à toutes les bassesses pour être le seul champion dans le ring. Un sport-spectacle en soi!

Crédit photo Arch’Pictures


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Calendrier

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Du 14 au 24 septembre 2022

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