La LNI s’attaque au cinéma – À la manière de Léa Pool

par Daphné Bathalon

Dix films improvisés en dix jours avec une fraction du budget des productions québécoises (et une infime de celui des productions américaines), tel était le défi lancé à l’équipe de La LNI s’attaque au cinéma du 31 octobre au 10 novembre à Espace Libre. Sur les dix cinéastes choisis cette année, deux femmes: Léa Pool et Agnès Jaoui, dont les oeuvres ont respectivement marqué le cinéma québécois et français.

Parmi les films phares de la cinématographie de Léa Pool, on se souvient particulièrement de Maman est chez le coiffeur, du Papillon bleu et d’Emporte-moi, et son style, ses thèmes, sa direction d’acteurs continuent de toucher le public. Pensons notamment à son récent long métrage La passion d’Augustine, lauréat de 6 prix au Gala du cinéma québécois en 2016, dont meilleur film et meilleure réalisation.

Pour se familiariser avec l’univers de Pool, les animateurs-dramaturges Jean-Philippe Durand et Christian Laurence ont invité les trois acteurs Salomé Corbo, LeLouis Courchesne et Johanne Lapierre à explorer les grands thèmes qui le définissent au fil de six exercices d’improvisation. En présence de Léa Pool dans la salle, la soirée a démarré sur les chapeaux de roue. La comédienne Salomé Corbo a plongé, avec le talent de conteuse qu’on lui connaît, dans un exercice de narration sur le thème de l’art, du processus créatif et de l’identité. Corbo a donné le ton avec une narration à fleur de peau, joliment accompagnée en direct par la musique d’Éric Desranleau et par l’éclairage improvisé de Maxime Clermont-M., qui a fait un excellent travail tout au long de la soirée.

Le ton très intimiste s’est maintenu au deuxième exercice qui a mis en valeur des femmes bien entourées, mais ayant perdu pied. On a notamment eu un échange rempli de tendresse entre Johanne Lapierre, dans le rôle d’une mère en deuil d’un enfant, et Salomé Corbo dans celui de sa confidente. Se sont ensuite succédé des exercices sur l’amour trouble, où on a malheureusement un peu trop versé dans le sketch, sur les liens entre l’art et la vie des personnages, et sur la force du nombre (« ensemble, on est plus forts »). En première partie de soirée, la caméraman-cadreuse Geneviève Albert a aussi pu explorer différents cadrages et le zoom in, dont se sert Léa Pool pour faire entendre les réflexions intérieures de ses personnages. Si le réflexe humoristique a brièvement repris le dessus en fin de première heure, l’équipe est revenue en force en deuxième partie pour offrir un joli film improvisé de type choral.

Dans la longue improvisation intitulée Et les os (mais le titre n’a pas semblé avoir une grande incidence sur l’histoire), le public et Mme Pool ont pu suivre les trajectoires entrecroisées de personnages forts et touchants et les voir évoluer tout au long de l’intrigue. Il est toujours aussi intéressant de pouvoir tracer des parallèles entre les exercices de la première partie et la mise en pratique qui la suit, et surtout de voir ce qu’on peut raconter en aussi peu que 30 minutes.

Un autre défi relevé par l’équipe de la LNI devant une salle qu’on aurait souhaité plus remplie, à la hauteur du talent de Léa Pool!

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