LNI – Coupe Charade 2019 : En quête de clarté

par Daphné Bathalon

Les coupes Charade se suivent, mais ne se ressemblent pas : cette année, les équipes finalistes de la Coupe Charade 2018 luttent pour la 4e place au classement, une position qui leur permettrait de s’assurer une place en séries. Lundi soir, 1er avril, les Bleus et les Verts s’affrontaient pour la première et dernière fois en saison régulière.

Malgré l’enjeu du match, on ne sentait pas les joueurs trop fébriles. Pourtant, l’équipe des Verts de Christian Brisson-Dargis devait composer avec deux absents, en France pour une tournée de la LNI, soit l’entraîneur lui-même, remplacé par Félix Beaulieu-Duchesneau, et le joueur étoile Frédéric Barbusci, remplacé par Sébastien Leblanc. Après un faux départ, le jeune chanteur Elie Dupuis s’est joliment acquitté de sa réinterprétation de l’hymne de la LNI.

Crédit photo Daphné Bathalon

Des trois périodes, la première a sans doute été la meilleure, pas la plus active, mais la plus structurée et la plus variée. Les spectateurs, moins nombreux que de coutume, ont eu droit à trois belles improvisations pour lancer le match. Dans la longue comparée de 7 minutes Mon royaume pour… les équipes ont offert deux histoires totalement différentes et des personnages tantôt sympathiques tantôt parfaitement détestables qui ont connu un intéressant développement dramatique. Du côté des Verts, Guy Jodoin s’est glissé dans la peau d’un roi cruel, responsable de 7840 meurtres, qui se retrouve un jour, par la force des choses, seul au monde. Les petites voix de sa conscience, incarnées par Mira Moisan et Joëlle Paré-Beaulieu, auront-elles su lui faire naître un cœur? Chez les Bleus, le grand Réal Bossé a fait la démonstration de sa maîtrise de la langue et de l’espace de jeu. En fils du roi contraint de devenir souverain après la mort de son père, Bossé a su manier le verbe comme personne avant que son personnage sensible ne se heurte à la volonté inébranlable d’une sœur régicide, jouée par Sophie Thibeault. « Je serai ce roi qui aura peu vécu, peu régné. Qu’on trouve un tombeau pour m’enterrer! » Le premier point du match est allé aux Bleus.

Crédit photo Daphné Bathalon

L’improvisation suivante, la courte comparée Vague de fond, a offert plus de légèreté, mais moins de consistance alors que les Bleus ont proposé l’histoire d’un surfeur adulé de tous (Mathieu Lepage) dont l’auréole pâlit soudain à l’arrivée d’un nouveau surfeur (Bossé). Les Verts ont empoché le point avec leur portrait d’un laveur de vaisselle (Sébastien Leblanc) dépassé par ses tâches en cuisine et par l’attitude de ses collègues.

La période s’est terminée tout en émotion avec la mixte de 12 minutes La fin du naturalisme, qui s’est poursuivie en deuxième période, faute de temps au chrono. Les joueuses Joëlle Paré-Beaulieu (Verts) et Sophie Caron (Bleus) ont composé un premier tableau, celui d’une peintre naturaliste et de sa muse vieillissante, que sont venus compléter dans une deuxième temporalité les joueurs Bossé et Leblanc, en couple visitant la maison où vécut cette peintre. De beaux chevauchements qui ont donné une certaine profondeur à cette histoire d’amour et d’art.

Crédit photo Daphné Bathalon

Après cette impro, la deuxième période s’est révélée plus difficile pour les deux équipes, en plus d’être marquée par quelques pénalités plutôt méritées. La mixte Chacun cherche son sherpa s’est égarée en cours de route vers le sommet du mont Saint-Hilaire (retard de jeu aux deux équipes) et la mixte Ma chèvre bien aimée, malgré son humour, a manqué de souffle et de cohérence (confusion au joueur Bossé). La comparée à quatre joueurs par équipe Des gens normaux a rattrapé le coup, non sans une pénalité de nombre de joueurs illégal du côté des Bleus, qui ont oublié d’envoyer tous leurs joueurs… Une erreur qui aurait pu leur coûter cher puisqu’à la suite de l’accumulation de trois points de pénalité, ils ont accordé un point aux Verts, leur donnant deux points d’avance, faisant passer le compteur à 4-2. Heureusement pour eux, le public leur a généreusement donné le point de l’impro, ramenant le compteur à 3-2. Les deux propositions étaient intéressantes. Du côté des Bleus, on s’est retrouvé dans un centre de tri de vêtements usagés avec un sympathique trieur incarné par Mathieu Lepage et une pas si sympathique collègue jouée par Sophie Caron. Les Verts, quant à eux, ont carrément transporté leur banc sur la patinoire (c’est vraiment légal, ça?) pour un souper rempli de malaises.

Les deux autres improvisations de la troisième période, la longuette mixte Une balayeuse dans la nuit et la comparée Conflit d’horaire, ont ajouté deux pénalités au décompte, une de retard de jeu aux Verts et une de confusion aux Bleus. La comparée des Verts a toutefois été très efficace dans sa simplicité avec un enfant déchiré entre deux parents séparés lorsque les deux se pointent à la garderie pour le récupérer. La dernière impro de la période, la mixte de 10 minutes Qui a tué Kennedy?, s’est révélée plus intrigante alors que la tueuse à gages (Paré-Beaulieu) et l’homme qui l’a engagée (Lepage), avait un peu de mal à éliminer le dit Kennedy. L’histoire a été bien soutenue visuellement par une pantomime signée Bossé, Jodoin et Moisan. Les Bleus ont empoché le point de cette impro, égalisant la marque et offrant du même coup une impro supplémentaire au public ravi.

Crédit photo Daphné Bathalon

L’oracle de Thetford Mines a cependant donné du fil à retordre aux deux équipes. Dans cette histoire de prophétie, de lecture de l’avenir dans l’amiante de la mine et d’incrédulité, on s’est un peu perdu. L’arbitre a par ailleurs choisi cette supplémentaire pour sévir une dernière fois en donnant une pénalité de retard de jeu au joueur Guy Jodoin… et en privant par le fait même le public de son droit de vote. En effet, avec trois pénalités cumulées, les Verts ont dû accorder un point à leurs adversaires. Les Bleus ont ainsi remporté 6 à 5 ce match qui s’est terminé en queue de poisson.

Mention Antidote : Réal Bossé
Étoile verte : Joëlle Paré-Beaulieu
Étoile bleue : Mathieu Lepage

Crédit photo Daphné Bathalon

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