par Daphné Bathalon

Jusqu’au 13 juillet, la Satosphère de la Société des arts technologiques prend des allures de chantier de construction alors que la plus récente création de la Fabrique Métamorphosis, Ironworkers local 777, s’y installe à l’occasion du festival Montréal Complètement Cirque.

© Sébastien RoyTandis qu’enfle tranquillement le bourdonnement familier de la ville – vrombissement des moteurs, hurlements lointains des sirènes, et rumeurs de conversations – quatre travailleurs en uniformes et bottes de travail grimpent à la structure métallique qui rappelle les grues immenses dont le ballet aérien est la marque des villes modernes. Puis tout explose et la scène devient une zone de jeu et d’acrobaties.

L’oeuvre de la Fabrique Métamorphosis joue sur plus d’un tableau, mariant la voltige visuelle à la voltige physique des artistes Alexis Vigneault, Laurence Racine, Héloïse Bourgeois et William Underwood. La trame urbaine virtuelle paraît par moments trop synthétique, notamment lorsqu’elle reproduit les édifices d’un centre-ville nord-américain, mais les doutes sont vite balayés lorsque les mécanismes, rouages, grues ou plans techniques se succèdent sur la vaste voûte en 360° de la Satosphère. Le vertige nous rattrape tout à fait lorsqu’un des artistes se retrouve la tête en bas sur la poutrelle et que le décor virtuel bascule à son tour, nous faisant partager le point de vue du travailleur.

© Sébastien Roy

Le spectacle nous propose d’excellents numéros de cirque, dont l’impressionnant numéro de mât chinois où un homme et une femme se meuvent avec grâce. Non contents de jouer les drapeaux humains, les deux artistes exécutent également quelques belles figures de main à main, tout en s’accrochant au mât. Le décor tournoie littéralement autour d’eux pour mieux nous donner l’impression de voltiger avec eux. Quelques chorégraphies font également apprécier le talent de danseurs des artistes, notamment lors d’un dynamique swing.

Ironworkers colle fidèlement à l’univers des travailleurs qui ont bâti ces impressionnantes tours et façonné le profil des villes. Le spectacle s’inspire directement des outils de ces ouvriers pour présenter des numéros originaux. Ainsi a-t-on droit à un amusant concours pour déterminer qui s’avancera le plus loin sur la poutrelle, à une démonstration de jonglerie de clefs à molette, et même à une réinterprétation du fameux lunch au sommet d’un gratte-ciel rendu célèbre par une photo du photographe Charles Ebbets prise à New York en 1932 ! Les artistes de cette production, que la créatrice Héloïse Depocas présente comme les « architectes d’une cité suspendue et virtuelle », manient d’ailleurs aussi bien la poutrelle que le chalumeau.

Il reste trois soirs pour découvrir ce drôle d’objet scénique qui mêle intelligemment art du cirque et hommage aux grands bâtisseurs.

Ironworkers local 777
Jusqu’au 13 juillet à la Société des arts technologiques

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