Nmihtaqs Sqotewamqol / La cendre de ses os : Rebâtir les ponts

Nmihtaqs Sqotewamqol / La cendre de ses os : Rebâtir les ponts

Plus de deux ans après avoir fait une belle impression au Festival du Jamais Lu, et plus de 18 mois après sa date de première prévue, le texte de Dave Jenniss Nmihtaqs Sqotewamqol / La cendre de ses os résonne enfin sur la scène de La Petite Licorne.

Martin Kaktanish revient sur la terre de ses ancêtres, en territoire Wolastoqiyik, qu’il avait quitté brusquement après la mort inattendu de son père, trois ans plus tôt. Il y retrouve son frère aîné, avec qui il a bien peu en commun, son ex petite amie puis son rival, de la famille Tienis. Les personnages de La cendre de ses os naviguent dans les eaux troubles du mensonge, des demi-vérités et du ressentiment. Martin, en particulier, cherche à reconquérir un territoire perdu, celui de son identité, auquel son père ne l’a jamais vraiment connecté. La question de la transmission plane également sur la pièce, où les personnages souffrent à la fois de ce qui ne leur a pas été transmis : une langue, une culture, et de ce qui l’a été : le silence, le ressentiment…

Inspiré par sa propre expérience du deuil, Jenniss signe un très beau texte porté par l’immense territoire physique et culturel qu’il évoque. L’action alterne entre le passé (avec le témoignage du père lors d’un procès, des années plus tôt) et le présent, entre le concret et les élans poétiques, presque chamaniques de Martin, qui, se sentant habité par l’homme-ours, tente de (re)bâtir les ponts avec ses racines wolastoqey. Un récit joliment bercé par la musique réalisée en direct par Kyra Shaughnessy.

Crédit Myriam Baril Tessier

Malheureusement, le texte est desservi par une distribution au jeu inégal qui peine à trouver le ton juste d’une scène à l’autre. La mise en lecture simple au Jamais Lu pardonnait à la distribution (la même se retrouve d’ailleurs pour cette production, à l’exception du personnage de Sophie cette fois interprétée par Marilyn Provost), mais la mise en scène dévoile à plusieurs reprises un décalage entre les dialogues et l’émotion. Charles Bender, dans le rôle de François, l’aîné des Kaktanish, et Nicolas Desfossés, dans celui de Sébastien Tienis, se démarquent quant à eux avec un niveau de jeu plus fluide et naturel, leurs personnages plus ancrés dans le présent et le concret aidant certainement.

La scénographie volumineuse faite de ponts précaires, parfois effondrés, occupe tout l’espace scénique de La Petite Licorne, ce qui laisse peu de liberté de mouvement aux acteurs et peu d’espace, surtout, pour imaginer la forêt, le territoire. La conception vidéo de Gaspard Philippe, aux allures oniriques, ouvre cependant une fenêtre bienvenue sur la spiritualité et l’imaginaire de Martin.

Cette nouvelle production d’Ondinnok nous parle de résilience et de réconciliation avec adresse. Les mots de Jenniss nous ramènent, à l’instar du rapprochement final entre les deux frères, vers ce qui nous relie les uns aux autres plutôt que ce qui nous sépare. un spectacle lumineux qui, malgré ses faiblesses, fait un grand bien dans le contexte actuel.


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