Parc Optimiste : Un duel ludique à la sauce western

Parc Optimiste : Un duel ludique à la sauce western

En ouverture de la programmation 2022-2023 de Premier Acte, Parc Optimiste est une fréquentation de choix pour les dernières semaines de l’été. La production exhale des odeurs automnales tant par son récit que par sa localisation. En plein air, sous le couvert des grands arbres de la cour arrière de l’Église Saint-Charles de Limoilou, sur la terre brute où sont dressés la scène et les gradins, à travers les effluves de foin mouillé et dans la pénombre fraîche des journées qui raccourcissent inexorablement, la pièce déjantée du collectif La Palestre repose sur le duel. En fait, tout dans cette œuvre relève de la dualité : deux temporalités, deux espaces, deux idéologies, deux adversaires… et même doubles identités.

Sur fond de festival western, la mairesse de St-Tite, madame Gingras (Frédérique Bradet), doit composer avec un groupe de jeunes adeptes du basketball qui refusent la spoliation de leur terrain de jeu au profit des innombrables caravaniers qui affluent pour le West, abréviation économe pour désigner l’événement. Ou, d’un autre point de vue, la pièce met en scène de jeunes sportifs qui luttent contre l’autorité despotique de la mairesse, potentat du village de père en fille. Pour accommoder la foule de festivaliers qui déboulent sur le site et de surcroît satisfaire son égocentrisme, celle-ci ne recule devant aucune résistance. L’affrontement entre les forces en présence s’accentue tout au long de l’histoire. Ponctuée par les réminiscences d’un important tournoi qui s’est déroulé jadis et dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui, cette confrontation qui prend des proportions démesurées se termine toutefois sur une note étonnante, grâce à un stratagème de type deus ex machina.

David Mendoza Hélaine

Orchestrée comme un match de basketball, cette comédie rejoint par certains aspects l’univers de la bande dessinée. La nature de la pièce qui veut que les personnages soient esquissés à gros traits, à la limite du portrait caricatural, et évoluent dans des situations à l’emporte-pièce, évoque l’esprit des dessins animés. Un arbitre siffle le début et la fin des différents tableaux dont certains sont joués au ralenti ou en accéléré. Ces effets, rythmés par la musique de Nicolas Dignard dont les tonalités sont en osmose avec l’histoire qui nous est racontée, rappellent les techniques cinématographiques.

Toutes les composantes du spectacle contribuent à forger une esthétique kitsch en totale harmonie avec le propos de l’œuvre : les paroles «quétaines» des chansons country interprétées par la mairesse, l’exagération dans la prononciation des basketteuses et basketteurs lors des séances de motivation et de thérapie de groupe, le décor (Marilou Bois) volontairement rudimentaire avec ses guirlandes de fortune et ses chapelets de lumières de Noël, etc. Les costumes et accessoires (Marianne Lebel) participent également à cette esthétique. La statue en polystyrène érigée en l’honneur de madame Gingras et de ses ancêtres, statue dont la disparition provoque une escalade dans les hostilités, en est le meilleur exemple. À cela s’ajoutent les nombreuses glacières qui se transforment en caravane par la magie de la manipulation des interprètes et d’où émergent un flot de canettes de bière vides abandonnées sur le sol du Parc Optimiste métamorphosé en terrain de camping.

Écrit par Pierre-Luc Désilets et Étienne la Frenière qui signe également la mise en scène de la production, Parc Optimiste est conçu comme une fête, une joute qui juxtaposent, à travers le western et le basketball, les dérives insensées du pouvoir et la fougue idéaliste de la jeunesse. Le jeu de la dizaine de comédiennes et comédiens qui évoluent sur le plateau rappelle un peu les matchs d’improvisation ; une grande aisance dans l’interprétation est palpable et engendre avec le public une communication spontanée. De plus, le fait que l’éclairage (Mathieu C. Bernard) déborde dans les gradins contribue à cet échange sympathique entre le groupe des acteurs et celui des spectateurs. Bref, un agréable moment à passer à l’extérieur, dans un environnement aménagé pour créer un esprit de convivialité avec sa tailgate party où l’on peut consommer bières et hot-dogs, avant d’aller goûter les réparties savoureuses du texte et apprécier les fantaisies du jeu.

Crédit photo David Mendoza Hélaine


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Calendrier

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Du 23 août au 3 septembre 2022

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