Petits Bonheurs : Écoutez bien l’histoire du grand méchant renard

Connaissez-vous l’histoire du grand méchant renard? On dit qu’il erre dans les bois en quête d’une proie à se mettre sous la dent. Il terrifie poules, lapins, cochons avec son terrible grognement… Du moins, c’est l’image qu’essaie désespérément de donner un renard pas terrifiant du tout, qui ne parvient qu’à faire rire de lui avec son petit « graou ».

L’histoire du Grand Méchant Renard, de l’auteur et illustrateur Benjamin Renner, et qui a fait l’objet de trois courts films d’animation cette année, a aussi droit à une sympathique adaptation théâtrale par la compagnie française Jeux de Vilains, en visite ces jours-ci au Festival Petits Bonheurs (en collaboration avec Casteliers).

Jeux de Vilains

Les très jolies illustrations de Renner prennent vie sous la forme de paysages à l’aquarelle et de marionnettes adorables. Le renard aux oreilles longues et aux yeux plus grands que la panse, son comparse (malgré lui) le loup, grand, sombre et terrifiant, les trois petits poussins ronds comme des œufs, et tous les autres personnages semblent surgir des pages du livre d’histoire. Habilement sculptées dans la mousse, les marionnettes s’insèrent en effet parfaitement dans l’univers imaginé par l’auteur.

En quarante minutes, la production, qui fait sien tout l’humour de l’œuvre originale, suit l’impossible quête du renard qui, après avoir tout tenté pour jouer le rôle de méchant que l’histoire voudrait lui donner, comprend qu’il ne pourra jamais être plus heureux et libre que lorsqu’il acceptera d’être lui-même, que sa sensibilité est sa force, pas une faiblesse. Et alors là, impossible de résister à ses grands yeux émus!

Malgré son décor plein de surprises (mention spéciale au terrier sous le castelet) et la beauté des marionnettes, le spectacle peine cependant à maintenir l’attention du public plus de quelques minutes à la fois. Il faut dire que chaque scène comporte de longs dialogues qui échappent parfois aux plus jeunes. L’humour ne suffit pas à rattraper leur intérêt tandis que les raisonnements entre les personnages minent le rythme de l’histoire.

Jeux de Vilains

La comédienne et marionnettiste Cécile Hurbault, amicale et accueillante, parvient à recentrer l’attention des enfants chaque fois que l’action reprend. D’emblée, elle se fait rapidement leur complice en les invitant à feindre la peur pour ne pas heurter la sensibilité du renard, qu’elle nous présente en amie. Au fil du spectacle, elle maintient le lien avec le jeune public, tantôt en s’effrayant du caractère bagarreur de la poule, tantôt en donnant voix au ténébreux loup ou en s’amusant de la stupidité du lapin et de son copain le cochon.

En se voulant peut-être trop fidèle à l’œuvre de Renner, l’adaptation soutient plus ou moins la comparaison avec l’originale, dont le succès passe autant par l’humour des dialogues que par l’expressivité de ses personnages. Heureusement, la personnalité et le talent de conteuse de Cécile Hurbault, ainsi que les marionnettes adorables, compensent les quelques longueurs.

6 et 8 mai 2018, Petit Outremont
www.petitsbonheurs.ca

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