par Daphné Bathalon

Sept ans après sa création, Traces, des 7 doigts de la main, est de retour à Montréal pour ensorceler les amateurs de théâtre et de cirque. Le spectacle, qui a roulé sa bosse dans plusieurs pays depuis 2006, a remporté du succès partout sur son passage.

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Photo des 7 doigts de la main

La grande force d’une troupe réside dans sa cohésion. Ainsi, l’esprit de corps qui anime ce spectacle des 7 doigts de la main joue pour beaucoup dans son éclatante réussite. Si bien que, même si les artistes qui présentent Traces ces jours-ci à la Tohu ne se sont joints à la troupe que tout récemment, pour la plupart, leurs cœurs battent tout de même à l’unisson, marquant le tempo pour un public attentif. Pratiquement toujours en scène, les sept acrobates ne demeurent pourtant pas statiques lors des numéros solos : ils inspirent et respirent au même rythme que ceux qui s’exécutent à l’avant-scène. Ce souffle commun brille particulièrement dans les chorégraphies de groupe, en planches à roulettes, qui se transforment tout aussi bien en cannes pour danser à la façon Fred Astaire, qu’aux cerceaux chinois, dans un numéro final passionnant où chaque saut augmente délicieusement l’intensité des frissons de danger. C’est certainement la prestation la plus impressionnante de Traces, qui mise avant tout sur la théâtralité du spectacle et la sensibilité de ses interprètes.

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Photo fournie par Les 7 doigts de la main.

 

D’entrée de jeu, les artistes se présentent au micro, énoncent leurs date et lieu de naissance, leur taille, leur poids, quelques traits de caractère, puis confient un secret intime sur eux-mêmes. Ces confidences nous les rendent immédiatement attachants, on les adopterait tous! L’espace qui sépare la scène et la salle s’estompe aussitôt, si bien que lorsqu’un artiste rate une acrobatie, les spectateurs l’encouragent, du bout de leur siège, à recommencer, et le soutiennent silencieusement tandis qu’il retente son numéro.

Sur scène, amour, rivalité, jalousie, solitude, amitié et parfois un peu de tristesse; les émotions se tissent en filigrane de chaque numéro. L’humour traverse aussi le spectacle, notamment lors d’un charmant numéro d’équilibre qui met en scène un fauteuil, une fille et un livre… Le même plaisir contagieux fait vibrer le dynamique échange à sept sur les deux mâts chinois et un affrontement à la planche sautoir.

Les artistes s’expriment en scène tant par la parole que par la danse, les acrobaties, le chant ou le dessin : tous les moyens sont bons pour laisser leur trace sur le monde qui les entoure. Ces multiples traces s’accumulent au fil de la représentation, au mur en fond de scène ou sur le plancher de la scène elle-même, comme autant de couches à décrypter.

La musique de Traces, véritable bande-sonore, enveloppe chacun des numéros. Elle participe à l’inspiration collective et insuffle un caractère fort à chaque prestation acrobatique, devenant par la même occasion un membre à part entière de la troupe. Conjuguée aux émotions exprimées par les artistes, elle forme le cœur palpitant du spectacle.

Si la troupe s’est formée relativement récemment, le spectacle auquel elle participe a une belle et vieille âme qui laisse sa trace lumineuse sur nos mémoires.

Traces, à La Tohu, jusqu’au 4 janvier 2014

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