par Daphné Bathalon

Embrasser la lune, c’est d’abord une petite musique qui nous invite à la suivre jusque dans la boîte, la boîte à musique, mais aussi celle du théâtre, là où « on peut jouer à la nuit même le jour ». Et les petits spectateurs de la suivre à pas comptés jusque devant la scène habillée de tulle. Sur la pile de matelas hétéroclites, au centre de la scène, une petite fille en robe rouge dort. Malgré tous les matelas et les oreillers sur lesquels elle repose, elle n’a pas un sommeil paisible. Tantôt tourmentée par des rêves agités, tantôt bousculée par son équilibre précaire, elle remue dans tous les sens… sauf quand la lune gironde et blanche danse autour d’elle. Un spectacle qu’elle regarde avec des yeux aussi émerveillés que ceux des tout-petits dans la salle, quand elle ne tente pas carrément d’attraper la lune.

Embrasser la luneLe fil rouge théâtre, une compagnie venue de France, convie les tout-petits à ce voyage onirique dans la nuit, un rêve éveillé au milieu des musiques, celle de Mozart, celle de Schubert et, bien sûr, celle des douces notes de la boîte à musique. Tout se fait dans la lenteur et la douceur; tout se fait si lentement, malheureusement, que les plus jeunes spectateurs décrochent rapidement ou plutôt, mettent un bon moment à accrocher au conte. Tandis que, sur la pile de matelas, la fillette rêve, s’étire ou gigote, les regards des spectateurs se perdent, leur attention s’égare. Embrasser la lune est un spectacle joli et poétique, mais un peu trop abstrait pour plaire aux moins de 3 ans, et il y en avait plusieurs dans la salle en ce samedi matin de mai. Cependant, dès le réveil de la rêveuse, la dynamique change en mieux : les lunes se multiplient comme autant de ballons blancs, et la pile de matelas devient soudainement encombrante. Alors, la jeune fille s’en débarrasse de gestes rageurs. Éclatée la bulle du sommeil; éparpillés dans toutes les directions les matelas; la scène devient enfin un véritable terrain de jeu propice aux éclats de rire. Cette fois, ça y est, l’attention du jeune public est captive.

Le spectacle sans paroles a recours à la musique pour tisser sa trame, un bon choix qui nous permet d’entendre l’allemand et le latin chantés par les deux acteurs sous la lumière lunaire. Lorsque la fillette quitte le lit, ses rêves et ses cauchemars, et retrouve le petit air de musique qu’elle cherchait, elle nous emporte dans sa ronde joyeuse, son enthousiasme sème des sourires sur les visages des petits, qui ont alors bien envie de la rejoindre. Leur joie est complète lorsque, la représentation finie, on les invite à tester les matelas et à observer le mécanisme secret des boîtes à musique. Embrasser la lune se termine donc sur une bonne note. Un spectacle que les tout-petits ont aimé… un petit peu!

Embrasser la lune a été présenté à l’occasion des Petits bonheurs, les 2, 3, 4 et 5 mai 2013.
Programmation de Petits bonheurs : www.petitsbonheurs.ca

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